lundi 3 mars 2014

Ne plus jamais dire Jamais ?



© Sophie Sparkling

Jamais je ne me caserai.

Jamais je ne trouverai mon exacte moitié d'orange.

Jamais je ne sacrifierai ma carrière professionnelle, pour rien au monde ni personne.

Jamais je ne connaîtrai les mots burn out, dépression, épuisement. Ça ne fait pas partie de mon vocabulaire. Je suis forte, je suis une warrior.

Jamais je ne ferai le choix de l'IVG.

Jamais je n'appliquerai tous les principes d'éducation de mes parents à mes enfants.

Jamais je ne me laisserai déborder/envahir/vampiriser par mes enfants.

Jamais je ne pourrai abandonner ma petite sœur dans une institution pour handicapés.

Jamais je ne reparlerai à mon père. Je ne connais pas le pardon.

Jamais ... 

Je pensais que c'était coulé dans le béton, gravé dans le marbre. Je pensais que ça ne pouvait pas en être autrement. Je suis plutôt du genre têtue, bornée, parfois même jusqu'à la stupidité.

Et pourtant ... La vie, les enfants, la maturité, l'urgence, tous ces paramètres ont fait que je suis revenue sur mes certitudes, mes décisions, mes convictions. Parfois totalement, parfois avec des nuances.

Je pense que c'est ce qui s'appelle grandir ... enfin.

Et vous ? Avez-vous jamais dit  jamais ?


Sur une idée de la sympathique Dbo ... 



L'homme de ma vie



Dans tous les souvenirs de ma prime jeunesse, il y a un homme plus présent que tous les autres. Aimant, doux, affectueux, mais aussi strict et parfois dur, faisant respecter les bonnes manières par un soufflet derrière le crâne.

Cet homme qui jouait de la guitare dans la chambre au fond du couloir.

Cet homme qui m'emmenait acheter des bonbons, hissée sur ses épaules.

Cet homme qui s'échappait tous les dimanches matin pour aller danser la valse ou le tango dans les guinguettes ou à La Coupole de Paris.

Cet homme dont je guettais le retour tous les soirs, cachée derrière la porte pour le surprendre et lui faire peur ... bouh !

Cet homme qui se réchauffait du cassoulet alors que tout le monde mangeait chinois à table.

Cet homme qui a essuyé les pires coups durs de la vie, mais qui en est toujours ressorti plus fort.

Ce modèle de courage qui a emmené toute sa famille jusqu'aux îles indonésiennes à bord d'un rafiot pourri, pour fuir la guerre au Vietnam. Oui, ma famille était ces boat people que le monde entier a vu à la télé.

Cet homme passionné par la musique classique, les avions et l'espace.

Cet homme qui nous a toujours interdit de parler la bouche pleine ou d'aspirer bruyamment nos spaghettis.

Cet homme que j'appelle toujours en premier pour annoncer les bonnes nouvelles.

Cet homme qui m'a toujours encouragée dans tout ce que j'ai fait.

Cet homme, le seul, qui m'a donné sa bénédiction pour aller m'installer avec Chéri alors que nous n'étions même pas fiancés et que tout le monde poussait des "Aaaahhh !" et des "Oooohhh, quel scandale !".

Cet homme avec qui j'ai toujours plaisir à discuter et à qui je demande encore conseil lorsque j'ai des choix importants à faire.

Ce vieil homme qui, aujourd'hui, n'hésite pas à faire tous les jours des kilomètres en bus pour passer un peu de temps avec ses arrières-petits-enfants.

Ce vieil homme si pudique qui ne m'a jamais dit "Je t'aime" et pourtant, je le sais ... nous le savons bien ... que nous nous aimons !

Cet homme sans qui je ne pourrais vivre et que j'ai tellement, tellement peur de voir s'envoler un jour :


MON GRAND-PERE
MON PAPY
MON SUPER HEROS




Aujourd'hui, la famille s'est réunie pour lui fêter son anniversaire.

Un précieux moment ...

89 ans.

4 générations autour du gâteau.

8 enfants.

15 petits-enfants.

3 arrières-petits-enfants.

Il dit souvent que nous faisons tous sa fierté.

Aujourd'hui, il est le plus heureux des hommes.

Et moi, je suis la plus heureuse des petites-filles ... heureuse de l'avoir encore avec moi, 

mon papy ...


Le jour de mes fiançailles (2004)
avec ses arrières-petits-enfants :
Tibouchon, Mademoiselle Mini et Chouquette