mardi 11 octobre 2011

[Lecture] L'Inde en héritage



Je suis une grande dévoreuse de livres et j'y consacre un budget annuel monstrueux. Je n'ai même plus de place dans mes (nombreuses) étagères pour caser tous les volumes, car je les garde TOUS. HommeParfait a bien essayé de faire un tri et d'en mettre à la brocante ou pire, à la benne. Le drame ! Mais moi, petit maligne, je suis repassée derrière lui ni vu ni connu pour sauver mes pauvres bouquins. Du coup, j'en ai par piles, entassés par terre dans la chambre, dans les toilettes, dans le couloir ...
Régulièrement, je vous ferais découvrir l'un de mes coups de coeur littéraires. Grande amoureuse de l'Asie, je craque en particulier pour les auteurs asiatiques ou tous ceux qui écrivent sur ce continent.

» L'Inde en héritage « de Abha Daewesar
Roman traduit de l'anglais (Inde) par Laurence Videloup
Titre original : » Family Values «
Editions Héloïse d'Ormesson

Quatrième de couverture :
De sa chambre, coincée entre les cabinets de ses parents médecins, avec les microbes et les bactéries pour compagnons de jeux, un petit garçon ausculte son entourage. Observateur discret, il capte l'imposture ambiante, perçoit la violence qui vérole le système. Ses oncles et tantes cupides qui complotent pour détourner l'héritage du grand-père constituent ses sujets d'étude. Puis la télévision lui offre le spectacle de l'avidité des puissants. Ici, on vole un rein, là on occulte un virus. Quand on assassine Miss Shampooing, pin-up qui affole les populations, le gamin noircit encore le diagnostic.
Ainsi, par cercles concentriques, Abha Daewesar expose une société gangrenée. A travers les mésaventures d'une famille, son roman nous conduit au coeur d'un pays écartelé entre démocratie et barbarie.


Mon avis :
Le héros nous livre des portraits vus à hauteur des yeux d'un enfant de huit ans encore plein d'innocence. Il croque sans concession et sans détours les travers de chacun. Il nomme son entourage par les maladies ou les tares dont ils sont attribués, comme Psoriasis, Potiche, Camé Raté ou encore la voisine hystérique, Mme Bouse. Il est au coeur des confidences et assiste à l'immense complot qui vise à dépouiller le Grand-Père. Coups bas, médisances, jalousie, rivalités, manipulation, tout est permis. Il dépeint avec simplicité une société souffrante et gangrenée par la corruption et la pauvreté, une famille où chaque membre est une véritable caricature. Il y décrit le poids des traditions et un système cruel où la loi est faite par le plus malhonnête.
J'ai adoré ce livre qui nous plonge dans le monde indien, tel un documentaire. 317 pages d'humour souvent noir, une histoire écrite avec un style sobre, piquant, mordant, une histoire où personne n'est épargné. Quand le tragique devient comique ...


Extrait :
» De retour en classe, le maître demande aux élèves de résumer leur arbre généalogique. Il explique à l’enfant que, puisqu’il a été malade, il sera interrogé en dernier pour bien comprendre l’exercice. L’enfant sait que ce sera facile car chez lui, sur son bureau en teck, il a l’arbre de sa famille. Quand arrive son tour, il parle à ses camarades de sa grand-mère défunte et ignare, de son grand-père, qui possède un appartement en propriété libre et a eu huit enfants. Outre son propre père, le médecin, il y a les tantes : Paria et Parfaite, la sœur super-sacrifice. Puis les oncles : Paget, Six-Doigts, Psoriasis, Poudre et Prout. Quand il mentionne son oncle Prout, tout le monde éclate de rire. Le maître, moins amusé, lui dit d’un ton sévère qu’avant de continuer à parler de sa famille le lendemain, il devra vérifier que c’est bien là le nom de son oncle.
(…)
Tu es bête, lui dit Cousin. Si une femme est belle, elle te fait bander. Quand tu l’imagines nue, il se passe des choses dans ton corps. Quelles choses ? Qu’est-ce que ça veut dire bander ? Cousin met brutalement la main sur la braguette du short de l’enfant et lui fait mal au zizi. Ton vermisseau devient une trique, tu ne peux pas comprendre, conclut-il d’un air hautain. Tu vois, moi je suis un homme maintenant. L’enfant veut lui demander s’il est pubère, mais comme il joue au méchant, il vaut mieux le laisser parler. Je ne peux me tripoter que dans la salle de bains, j’ai hâte que le vieux casse sa pipe car nous aurons alors toute la maison et moi j’aurai ma chambre. Oh, mais c’est notre grand-père tout de même. Et alors ? Quand il s’agit d’argent, il n’y a plus de père ou de grand-père qui tienne. Tu crois que je garderai mes parents chez moi, une fois que j’aurais un môme ? Cousin ricane de nouveau, puis baisse la voix : mon père veut que Grand-Père lui fasse don de la maison pendant qu’il est encore en vie, mais moi, je ne suis pas idiot, j’ai dit à mon père que je voulais que ce document soit établi à mon nom ! Comme ça, je serai le propriétaire légal de la maison dès le début et je n’aurai pas à subir ce que subit mon père. Alors, cela veut dire que tu dois flouer tes propres parents. Ah, et eux, ils n’escroquent pas leur père ? «


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